Enfoncées dans le sol, recouvertes de terre, d’humus ou parfois de goudron en milieu urbain, les racines sont souvent méconnues et ignorées.
Et pourtant leur rôle est vital pour la santé des arbres.
Elles ont 3 fonctions :
- elles fixent l’arbre au sol, lui permettant de se développer en restant debout
- elles permettent à l’arbre d’absorber de l’eau et des sels minéraux.
- elles stockent des réserves d’énergie (sucres, amidon, lipides, etc…)
Petit rappel
Il n’est pas juste de dire que l’arbre se nourrit par les racines. L’eau et les sels minéraux, appelés sève brute, sont puisés dans le sol. Ils sont ensuite acheminés vers les feuilles, où les arbres vont cuisiner leur nourriture par la photosynthèse.
Grâce à la lumière du soleil, à l’absorption de gaz carbonique, l’arbre va fabriquer la sève élaborée, ainsi que sa nourriture, et rejeter de l’oxygène et de l’eau. La sève élaborée va venir alimenter les tissus et organes vivants de l’arbre. Mais également ses branches, bourgeons, feuilles, fleurs, fruits et également les racines.
Ces dernières vont utiliser cette source d’énergie pour se développer, croître et stocker des réserves.
On le voit, un arbre en bonne santé est un équilibre subtil entre la partie souterraine (système racinaire) et l’aérienne (le houppier). Une perturbation du système racinaire aura des répercussions sur le houppier et vice versa.
Où se trouvent les racines ?
Les croyances concernant les racines et les fausses affirmations sont nombreuses. Selon leur essence, les arbres peuvent avoir des systèmes racinaires présentant des caractères différents. De même, la nature du sol va également influencer leur développement. Mais pour donner une idée de la profondeur des racines, on peut dire qu’en moyenne, le 80% des racines se trouvent dans les premiers 50 cm de sol. On le voit, le système racinaire est assez peu développé en profondeur. Il peut en revanche exploiter une grande surface de terrain à l’horizontale. Les racines peuvent couvrir une surface 2 – 3 fois supérieure au diamètre de la couronne de l’arbre. Ces indications ne sont que des moyennes et cela varie d’une essence à l’autre.
Dans le cas d’arbres colonnaires, comme le peuplier d’Italie, ce type de comparaison n’est pas applicable.
Source : Tree root systems, Martin Dobson
Dans un système racinaire, on rencontre deux types de racines.
1) Les racines ligneuses
Elles forment le squelette du système racinaire et qui fixent l’arbre au sol. Leur diamètre peut varier de quelques millimètres à plusieurs dizaines de centimètres. Elles grandissent continuellement aussi bien en longueur qu’en diamètre, se ramifient et explorent le sol. Dans leurs cellules vivantes, elles stockent des réserves d’énergie. Ceci est particulièrement important pour les arbres des régions tempérées qui doivent redémarrer après la période de dormance hivernale. Ils le font en activant ces réserves pour permettre aux bourgeons de donner naissance à de nouvelles feuilles.
2) Les racines non-ligneuses
Les racines ligneuses portent le deuxième type de racines dites fines et absorbantes : leur diamètre varie de 1 dixième de millimètre à 1 millimètre.
Leur durée de vie est courte, en général une saison, sauf pour celles qui vont devenir ligneuses et permettre au système racinaire de se développer. Ce sont ces racines fines qui absorbent l’eau et les sels minéraux, elles sont concentrées dans les 20 à 30 cm de la surface du sol. Une étude faite sur une hêtraie a montré que le 94% des racines fines était dans les premiers 10 cm de sol !! Forts de ces connaissances, on imagine bien le nombre de traumatismes que les systèmes racinaires des arbres en milieu urbain ou dans le jardin peuvent subir.
En condition naturelle, les racines fines vont dans leur grande majorité, être colonisées par un champignon. Cette symbiose est appelée mycorhize et a un rôle primordial pour la santé des arbres. Ainsi, par les mycorhizes, le champignon aide l’arbre à absorber plus d’eau et de sels minéraux. Il lutte aussi contre l’attaque de certains champignons parasites. En échange, l’arbre fournit au champignon sa nourriture sous forme de sucres issus de la photosynthèse. Chacun d’entre nous a déjà pu profiter de cette magnifique symbiose, en effet de nombreux champignons comestibles sont mycorhiziens !
Les mycorhizes sont donc indispensables à une majorité d’arbres. Certains parmi les plantes pionnières peuvent s’en passer.
En milieu urbain et même dans les parcs et jardins, les conditions du sol ne sont pas toujours propices à l’établissement de mycorhizes. Parfois même, les champignons pouvant les engendrer ne sont pas présents dans le sol. Pour ces raisons, nous encourageons nos clients à avoir un sol se rapprochant le plus possible de ce que les arbres trouvent dans leur milieu naturel, soit avec une bonne couche d’humus. Afin de favoriser et accélérer la propagation de mycorhizes, il est possible d’introduire dans le sol des spores de champignons.
Les mycorhizes sont très fragiles, un sol compacté, pauvre en matières organiques, ou en plus on ajoute des engrais de synthèse, leur est très néfaste et cela peut entrainer leur disparition. Or le sol décrit plus haut est exactement ce que l’on trouve sous un gazon ! Voilà toutes les raisons qui nous poussent à encourager nos clients à garder un sol riche en matières organiques sous les arbres ! Pour cela, apport de mulch, de compost, de copeaux, plantations de plantes tapissantes telles que le lierre, les fougères, les pervenches, etc… sont des mesures simples qui améliorent grandement la vie du sol et sa qualité.
La santé de vos arbres en dépend !!
Cédric Leuba
Chêne, Vallon de l’Ermitage NE, Thibaut Leuba
LES RACINES ET LA RÉALITÉ. L’IMPORTANCE D’UN ÉTAT D’ESPRIT À CHANGER.
Rappelons donc les 7 points clés :
- Les racines sont tout autant importantes que le houppier.
- Des conditions du sol idéales, se rapprochant le plus possible du milieu naturel, favorisent le bon développement d’un arbre.
- En moyenne, 80% des racines se trouvent dans les premiers 50 cm du niveau du sol.
- Elles peuvent couvrir une surface jusqu’à 2-3 fois supérieure à la surface du houppier.
- Les racines ligneuses et permanentes ont les fonctions principales d’ancrage et d’exploration du sol.
- Les racines ligneuses et caduques colonisent et exploitent les environs.
- Les racines fines ou également appelées chevelues, ont le rôle fondamental d’absorption, en symbiose avec les champignons mycorhiziens. Elles se trouvent en surface du niveau du sol.
Ces êtres vivants trop souvent oubliés.
Il est donc primordial de prendre en considération leur présence lors d’un chantier mais surtout lors de la réalisation d’un projet. La partie visible de l’arbre est souvent reportée sur le plan de l’architecte, mais le système racinaire, lui, est oublié. Lorsqu’il n’est pas trop tard, nous faisons appliquer les recommandations pour la protection des arbres émises par l’Union Suisse des Services des Parcs et Promenades (disponibles gratuitement en ligne). Ces dernières sont simples et efficaces : définir le périmètre vital de l’arbre et le préserver tel quel pendant toute la durée des travaux. Selon ces recommandations, le périmètre vital est la projection de la couronne au sol. Pour un arbre fastigié ou pyramidal, tel qu’un peuplier d’Italie ou un épicéa, on parle de la projection au sol d’un rayon équivalent à 1/3 de la hauteur de l’arbre.
Certaines communes ou parfois cantons ont préféré instaurer leurs propres directives en ajoutant 1 à 1.5 m de plus au périmètre vital de l’arbre.
Outre-Manche, les anglais ont des recommandations émises par le British Standards, parlant de « Root Protection Area ». C’est une zone de protection racinaire se calculant comme suit : 12 x le diamètre du tronc mesuré à 1.5m du sol. Le résultat obtenu est alors le rayon qui délimitera la zone de protection racinaire.
Dans la réalité, trop souvent, nous sommes appelés lorsque le mal est fait. Des branches basses abîmées, qui gênent les camions pour déverser ou stocker du matériel au pied de l’arbre. Des racines arrachées ou sectionnées dans une fouille permettant d’installer les gaines et tuyaux qui serviront à arroser automatiquement le magnifique futur gazon boosté à l’azote. Ou alors, le tassement extrême du sol à proximité de l’arbre par le va-et-vient de la pelle mécanique… Les racines sont primordiales pour la santé et la pérennité de l’arbre.
Pensez-y !
Thibaut Leuba
Trois arbres souffrants.
