Le lundi 9 août 1976, 05H45, mon réveil met fin à ma vie d’écolier. Ma maman partage le petit déjeuner avec moi et me prépare un délicieux sandwich, pour mes neuf heures,… elle le fera durant mes trois années d’apprentissage de paysagiste, que j’entreprends dans les montagnes neuchâteloises.
Je dois avouer que j’ai un peu choisi ce métier au hasard parce que j’aimais bien être dehors et je ne me voyais pas continuer à rester sur les bancs d’école.
Mon ami d’enfance, Maurice, avait déjà fait deux ans d’apprentissage de paysagiste donc je me suis dit que cela ne serait pas une mauvaise idée de le rejoindre. Merci Maurice ! J’ai très vite été intéressé par ce métier. Particulièrement pour tout ce qui touchait aux végétaux, les arbustes et bien sûr les arbres.
Après obtention de mon CFC de paysagiste, j’ai fait une année supplémentaire pour avoir aussi le CFC de pépiniériste. Je suis resté 15 ans dans le monde des jardins, obtenant au passage la maîtrise fédérale. Moi qui n’étais pas très studieux lors de ma scolarité obligatoire. J’ai eu un très grand plaisir à me plonger dans les cours professionnels. J’avais trouvé ma voie.
Depuis le début, ce sont les arbres qui m’intéressent le plus. La rencontre avec Klaus Woodtli, véritable pionnier des soins aux arbres en Suisse, m’a fait prendre un virage qui m’a permis de consacrer le 100% de mon temps à soigner et entretenir les arbres et cela depuis 1991. Merci à Klaus, qui est parti trop tôt.
Quel métier passionnant, quel bonheur de pouvoir aider les plus grands organismes vivants de la planète !
Je suis fier d’avoir toujours fait de mon mieux avec les connaissances qui ont été les nôtres. Depuis les années 90, les connaissances ont bien évolué et si nous sommes encore bien loin de percer tous les mystères de la vie des arbres, nous sommes tout de même mieux armés actuellement pour les aider.
Autre point dont je suis fier (je me lance des fleurs…) c’est de ne pas avoir dégouté mes deux fils… car à la maison, on parlait beaucoup (certainement trop) arbre et travaux avec Caroline, qui a depuis toujours assumé les tâches administratives avec brio, rigueur et précision tout en restant dans l’ombre. Un grand merci à elle ! Nos deux fils ont hérité de ma passion des arbres ainsi que des qualités de leur maman. Merci à eux de nous avoir accompagné depuis une quinzaine d’années et d’avoir repris les rennes, permettant de perpétuer notre éthique de travail et de développer l’entreprise.
C’est donc avec confiance que je peux envisager d’avoir plus de temps pour moi. (le terme retraite ne me plait pas trop)
Tout ce beau chemin n’aurait pas été possible sans deux groupes d’acteurs. Le premier, c’est vous chers clients, qui m’avez fait confiance, m’avez confié vos arbres, ces êtres vivants, gigantesques et pourtant si fragiles. Merci de tout cœur !
Le deuxième groupe est constitué des collaborateurs qui se sont succédé depuis 34 ans. Notre profession est exigeante. Il faut faire preuve de force, de résistance, d’endurance, mais aussi de sensibilité et d’observation. Un grand merci à tous les arboristes-grimpeurs du passé ou actuels, pour leur engagement et la passion qu’ils ont mis ou mettent lors de journées de travail parfois éprouvantes.
Merci aussi à l’équipe du bureau qui gère avec brio les tâches administratives. Ils font des expertises et rapports très complets et organisent les journées de travail afin que tout se passe bien.
Avoir plus de temps pour moi, pour voyager en Suisse et en Europe, en camping-car, à moto ou à vélo… faire des balades à pied… mais aussi en Asie du Sud-Est. Une région que j’ai dans la peau depuis un voyage sac au dos de 1984.
La Thaïlande est depuis quelques années devenu ma deuxième patrie. J’aime particulièrement y passer les mois d’hiver.
Entre deux voyages, j’ai à cœur de rester en contact avec les arbres. Notre pépinière qui devient gentiment un arboretum est un terrain de jeux idéal. Je me réjouis de pouvoir y travailler et participer à son évolution. Et qui sait, peut-être qu’à l’occasion, je ferai encore quelques visites chez des clients, pour dépanner, et avoir le plaisir de rencontrer certains d’entre vous.
Le premier septembre 2025, mon réveil ne sonnera pas. Je serai tout de même réveillé tôt, j’ai pris le pli… Ma maman n’est plus là pour me préparer mes neuf heures, ainsi va la vie…
Cédric Leuba
