« Il faudrait faire un élagage de mon arbre. Je devrais donc faire appel à un élagueur, qu’il puisse l’élaguer. » Est-ce que ces termes vous choquent ? Moi oui.
J’aimerais prendre un peu de votre temps pour parler d’un mot qui me fait saigner des oreilles lorsque je l’entends. Et pour être complétement honnête avec vous, bon nombre de nos pairs ont les mêmes symptômes.
Tout d’abord, que nous dit un dictionnaire : « élagage, nom masculin, action d’élaguer, synonymes ébranchage, émondage, taille. Couper les branches inutiles ou nuisibles d’un arbre » © Larousse 2013. Hum, d’accord, intéressant mais peu convaincant. Car plusieurs questions me viennent à l’esprit.
Faisons-nous que de couper des branches? Et sont-elles inutiles ou même pire, nuisibles pour son hôte? Difficile d’accepter cela quand on sait que l’arbre n’a pas besoin de l’Homme pour vivre. Alors à quel moment est-ce qu’une branche devient nuisible ? Comment en est-on arrivé là ?
Cherchons une définition plus ancienne.
Par exemple, en 1932, le dictionnaire de l’Académie française note : « Elaguer, verbe transitif d’arboriculture, de foresterie. Ébrancher jusqu’à une certaine hauteur ou éclaircir en coupant une partie des branches. ». Ah ! Cela provient donc du domaine de la foresterie. En exploitation forestière, encore aujourd’hui, on ébranche (ou émonde) les branches basses le long du tronc, jusqu’à une certaine hauteur. L’objectif de cette pratique est d’obtenir un tronc unique, rectiligne et donc sans branches. L’arbre va être stimulé pour chercher la hauteur, tout en produisant un bois avec des propriétés plus intéressantes pour diverses utilités : construction et production pour exemple. Toujours en milieu forestier, l’émondage permettait, surtout dans le passé, la récolte et l’utilisation des branches basses pour le fourrage pour les animaux, comme combustible ou encore pour la vannerie.
On comprend donc mieux l’origine de cette pratique et son étymologie ; plus on recule, plus on se rend compte que ça ne correspond pas ou peu à notre profession. Plus ancien encore, le dictionnaire de la langue française 1872-1877 nous dit : « Élaguer, c’est retrancher ; émonder, c’est, étymologiquement, rendre net, rendre propre. On élague un arbre pour le débarrasser de grosses branches qui le surchargent. On émonde un arbre non pas seulement pour le débarrasser de grosses branches devenues inutiles ou nuisibles, mais aussi pour lui ôter ce qui le dépare aussi bien que ce qui lui nuit. L’élagage se pratique surtout dans l’intérieur de l’arbre ; l’émondage, surtout à l’extérieur, à la cime, à l’extrémité des branches. » d’accord, très bien, j’en ai assez.
Rassurez-moi maintenant, vos oreilles saignent-elles également ?
Arrêtons de parler d’élagage
Ce terme si grossier, barbare même, qui consiste à maitriser l’arbre et à l’exploiter.
C’est insultant. Faisons-nous vraiment que de couper une branche ? Et cette dernière, est-elle vraiment inutile ?
Inutile aux yeux de qui et pourquoi ? Non, vraiment, arrêtons de parler du métier d’élagueur, je trouve même cela rébarbatif, réducteur et péjoratif.
Nous prenons soin des arbres d’ornement.
De ce fait, nous adaptons le type de taille, en ayant une approche raisonnée, viable, durable, et en respectant chaque arbre, être vivant, et chaque situation dans son intégralité.
Nous apportons des soins à la couronne, des soins aux racines.
D’autre part, nous abattons les arbres dangereux que lorsqu’il est nécessaire et lorsqu’il n’existe aucune autre alternative.
Nous replantons intelligemment pour demain.
Non, nous ne faisons pas d’élagage et ne sommes pas élagueurs. Nous sommes arboristes spécialisés dans les soins aux arbres.
Thibaut Leuba
Arborisme Leuba est membre de l’Assa. Les membres affiliés s’engagent à pratiquer l’Art de l’Arboriculture en assurant la promotion et la protection de l’arbre.
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